publié le 08/12/2025 Par Paul Fernandez-Mateo
Le 8 décembre 2024, Bachar el-Assad fuyait en Russie, chassé du pouvoir par l'offensive éclair du groupe Hayat Tahrir al-Sham, mettant un terme à la guerre civile syrienne. Depuis lors, la Syrie peine à se relever de ses ruines et à tourner la page de la guerre civile. En l'espace d'un an, le pays a traversé beaucoup de changements, même si certaines constantes demeurent, souvent au grand dam des Syriens.
Il y a de quoi avoir la berlue. Abou Mohammed al-Joulani, combattant d'al-Qaïda en Irak, brièvement cadre fondateur de l'État islamique sous sa forme moderne, dirigeant du groupe djihadiste connu sous le nom de Front al-Nosra, puis de la coalition de groupes djihadistes Hayat Tahrir al-Sham (HTS), cible de sanctions des Nations unies depuis 2013, et dont la tête avait été mise à prix par les États-Unis en 2017, est venu se prosterner aux pieds de Donald Trump à Washington. Et il y a été, somme toute, bien accueilli - bien que la situation ait tout de même semblé suffisamment embarrassante à la Maison-Blanche pour que la rencontre s'effectue aussi discrètement que possible et à l'écart des journalistes.
Le nouvel homme fort de la Syrie, qui préfère désormais qu'on l'appelle Ahmed al-Charaa pour tenter de cacher la poussière sous le tapis en faisant oublier son nom de guerre du temps du djihad, est venu quémander auprès du président américain ce que personne d'autre n'est en mesure de lui accorder : un blanc-seing en vue d'une normalisation de la situation, maintenant que la guerre civile syrienne a pris fin avec la fuite de Bachar el-Assad, il y a un an. Jusqu'à sa visite, la Syrie étouffait encore sous le poids des sanctions internationales.
Qu'est-il advenu du pays, maintenant sous la férule peu rassurante de l'ancien djihadiste plutôt que sous celle de Bachar el-Assad, qui profite à présent d'une tranquille retraite à Moscou, entre empoisonnements et rumeurs sur sa passion pour les jeux vidéo ?
Loin de la démocratisation, le passage d'un dictateur à l'autre
Dès son arrivée au pouvoir, al-Joulani a souligné que son passage à la présidence de la République syrienne ne serait que transitoire, en attendant la restauration de la démocratie. Quiconque même vaguement familiarisé avec le déroulement de la guerre civile syrienne ne peut que lever un sourcil sceptique devant une telle affirmation. En effet, si des revendications démocratiques ont bel et bien été à l'origine du déclenchement du conflit, les factions démocrates de la vieille Armée syrienne libre ont été très rapidement supplantées par divers groupes djihadistes, parmi lesquels ceux ayant été à l'origine de la fondation de HTS. Lui-même n'a rien de différent, si ce n'est d'avoir été le tout dernier d'entre eux, après avoir éliminé toute son opposition au sein de l'enclave d'Idlib, où il s'est retrouvé piégé des années durant, en la noyant dans le sang.
